Dans une récente étude publiée en mai 2019, le NewGen Talent Centre de l’EDHEC Business School a interrogé 5165 étudiants en deuxième année d’études supérieures sur leurs attentes envers le monde de l’entreprise.

Comment l’envisagent-t-ils ? Quel type de structure souhaitent-ils intégrer ? Petit bilan de cette étude qui déconstruit certaines idées reçues sur la génération dite des « Millennials » !

Adieu le cliché du Millenial !

On a souvent l’habitude d’entendre des discours sévères sur cette génération baptisée « Millennials » car née fin des années 90 à début des années 2000. Ils seraient insouciants, car habitués à dévoiler les moindres détails de leur vie personnelle sur les réseaux sociaux ; ils seraient plus paresseux que leurs aînés, car accoutumés aux loisirs sur les écrans ; ils seraient capricieux et impatients, car élevés dans le diktat de l’instantanéité numérique.

Cependant, ce sont bien des clichés que les Millennials essuient, comme chaque génération avant eux. L’étude menée par le NewGen Talent Centre de l’EDHEC Business School démontre que ces futurs travailleurs ont des attentes envers le monde du travail et qu’ils escomptent bien apporter leur pierre à l’édifice en injectant de fortes valeurs dans l’écosystème professionnel.

Les Millennials sont des citoyens informés

L’étude démontre que les étudiants interrogés suivent l’actualité de près et se sentent extrêmement concernés par les événements d’ampleur. Ils retiennent en tête :

  • Les crises géopolitiques (crise des migrants, relations diplomatiques entre les États-Unis et la Corée du Nord, transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem) ;
  • Les atteintes aux droits de la femme et des minorités (mouvement MeToo, génocide des Rohingyas, abrogation de l’avortement en Irlande) ;
  • Les avancées technologiques (loi RGPD, affaire Cambridge Analytica).

Loin d’être déconnectés de ce qu’il se passe autour d’eux, les Millennials ont une conscience aiguë de toutes les mutations en cours à travers le monde et de leurs répercussions.

Les Millennials sont friands d’expériences formatrices

Cette curiosité et cet esprit alerte vont dans le sens d’une grande envie d’apprendre et d’accumuler les expériences formatrices, même après les études.

Les jeunes travailleurs restent intéressés par la perspective d’être salariés en entreprise (à 66%), même si ce chiffre est en baisse (78% d’entre eux étaient séduits par cette position en 2014). Ils voient dans le salariat une opportunité d’apprendre au contact de leurs collègues, d’avoir une situation professionnelle stable et une meilleure évolution professionnelle.

Mais c’est du côté de la création d’entreprise et du freelancing que les Millennials penchent pour 34% d’entre eux, soit une nette progression depuis 2014 (22% d’entre eux se déclaraient tentés). La perspective d’un challenge à relever, de devenir son propre patron et de voir directement l’impact de son travail, les motive particulièrement.

De quoi remettre en question l’image d’une génération étiquetée paresseuse !

Débrouillardise et agilité comme mots d’ordre

Davantage encore, la génération des jeunes travailleurs se distingue par son sens de la débrouillardise, une qualité qui rejoint le concept de génération « slasheuse » rattaché aux Millennials.

Les « slasheurs » se font remarquer sur le marché du travail depuis quelques années car ils cumulent plusieurs compétences parfois distinctes, d’où ce surnom. Ainsi, un jeune actif se décrira par exemple comme « Chargé de communication / Développeur / Auto-entrepreneur / Consultant freelance », dans la démarche d’assumer un bagage d’expériences variées et enrichissantes.

Toujours plus de slasheurs sortent actuellement des études avec l’envie de faire valoir leurs profils très polyvalents.

Le rapport au travail des Millennials

Les Millennials ont conscience à la fois des atouts et des inconvénients du monde du travail. Dans le cadre de cette étude, 18% des étudiants ont une vision très positive du monde de l’entreprise, pour 69% qui en ont une vision positive et 13% qui en ont une vision négative.

Ce n’est donc pas « en traînant les pieds » que la nouvelle génération de travailleurs aborde le marché du travail. Ils voient dans l’entreprise :

  • Un moteur d’innovation ;
  • Une école de la vie ;
  • Une aventure collective.

Une vision globalement positive sans verser pour autant dans l’idéalisation. Les Millennials ont conscience des contraintes de cet univers et de l’éventuel archaïsme des structures peinant à opérer une transition vers de nouvelles méthodes, plus agiles notamment. Ces étudiants redoutent également la verticalité de certaines hiérarchies en place dans les grandes entreprises.

Start-up et petites structures : vous motivez les Millennials !

C’est peut-être de ce constat que découle l’envie de plus en plus prononcée des étudiants d’intégrer une structure de petite taille à taille modeste.

En effet, avec 30% des suffrages en leur faveur, contre 34% pour les structures de 50 à 500 salariés et 36% pour celles de plus de 500 salariés, les petits Poucet du marché consolident progressivement leur position.

En 4 ans, start-up et PME ont doublé leur attractivité puisqu’en 2014, seulement 15% des étudiants privilégiaient les petites structures, contre 35% en faveur des entreprises de taille moyenne, et 50% pour les plus grosses.

Pourquoi ? On peut supposer que ces structures sont aujourd’hui les plus à même de manager les Millennials, de répondre aux besoins de la nouvelle génération en matière de valeurs, de travail en équipe et de flexibilité. Une petite structure sera également plus susceptible d’avoir en place, ou de mettre en place, un système de hiérarchie plus horizontale.

En quête d’une entreprise ouverte, bienveillante et engagée

Ce qui caractérise particulièrement cette génération, et suscite parfois l’incompréhension des travailleurs plus expérimentés, est la quête d’une entreprise en accord avec leurs valeurs. La seule perspective d’une bonne politique de salaire et de carrière ne suffirait plus à convaincre les jeunes travailleurs : ils souhaitent intégrer une structure dont ils sont fiers.

Un management « respectueux et éclairé »

À leurs yeux, cela passe tout d’abord par des relations au travail apaisées. Ils recherchent des formes de management qui respectent chaque collaborateur, qui ne sont pas appliquées aveuglément selon des schémas éculés, mais en pleine conscience des besoins de chacun. Il s’agit de miser sur l’intelligence collective, la valorisation des talents, des succès, et sur les principes partagés à travers la culture de l’entreprise.

Autant de points sur lesquels les Millennials sont désireux d’apporter leurs idées pour induire de véritables changements.

Une politique développement durable et RSE « éclairée »

Il est impératif pour beaucoup de jeunes et futurs travailleurs de s’engager auprès d’une structure qui prend en compte les enjeux sociaux, éthiques et écologiques de la société actuelle. Représentants de la génération « sustainable », comprenez la génération « durable », ils ont à cœur de s’investir dans la lutte contre les fléaux menaçant directement la pérennité des modes de vie humains.

Il y a le désir complémentaire de pouvoir revendiquer fièrement son appartenance à une entreprise qui agit en faveur de nobles causes, ou qui du moins réduit ses impacts négatifs. De même, les jeunes générations souhaitent devenir les forces motrices de ces changements salutaires au sein de leur entreprise.

Une diversité des collaborateurs

Enfin, les Millennials aspirent au travail dans un environnement caractérisé par la diversité de ses collaborateurs (compétences, expériences, formations, etc.). Derrière ce souhait, une volonté d’apprendre et de sortir de la logique « fiche de poste » qui cantonne souvent un salarié dans son domaine et l’empêche d’échanger avec des collègues d’autres corporations.

Bien sûr, le critère de la politique de salaire et de la perspective d’évolution de carrière importe aux jeunes travailleurs, mais ce n’est plus une condition sine qua none.

En résumé, les travailleurs Millennials sont en quête d’entreprises qui partagent leur vision et leurs valeurs, afin de pouvoir s’y investir et de revendiquer leur appartenance. Marqués par les enjeux sociétaux actuels, ils estiment essentiel de pouvoir intégrer une structure dont les méthodes ne s’enracinent pas dans ce qu’il se faisait il y a plusieurs décennies.

Le Millennial cherche une structure agile, bienveillante et ouverte aux innovations, qui pense en équipe. Cette génération criblée par les clichés semble déterminée à changer les choses et à injecter plus de sens et d’éthique dans le monde du travail !

À bientôt sur HelloCSE ! 🙂

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